Sadisme

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Le sadisme est la recherche du plaisir dans la souffrance (physique ou morale : domination, contrôle) volontairement infligée à autrui (éventuellement à un animal ou à un enfant). Même si le sadisme revêt différentes manifestations, indépendamment de l'activité sexuelle, il y est fréquemment associé.

En psychanalyse, le sadisme est le plus souvent couplé au masochisme.

Origine du terme[modifier | modifier le code]

Le terme est issu du nom de l'écrivain français Donatien Alphonse François, marquis de Sade (1740-1814). La première définition apparait dans le Dictionnaire Universel de Boiste, huitième édition,1834, revu et augmenté par Charles Nodier[1], 20 ans à peine après la mort du Marquis de Sade. Le dictionnaire de Boiste définit le sadisme par ces mots : « Aberration épouvantable de la débauche, système monstrueux et antisocial qui révolte la nature ». Au fil des années, le terme sadisme fut utilisé par les journalistes, critiques et éditorialistes[2] à tel point que le mot devient commun pour évoquer des meurtres, mais aussi des attitudes générales reprochées à des écrivains, artistes et politiciens.

En 1886, le psychiatre Richard von Krafft-Ebing emprunte le terme pour décrire une pathologie[3]. Il désigne une perversion sexuelle (bastonnade, flagellation, humiliation physique et morale), qui représente un « mode de satisfaction lié à la souffrance infligée à autrui »[4].

Approche psychanalytique[modifier | modifier le code]

En psychanalyse, le sadisme est couplé au masochisme : chez Freud, il est premier dans la première théorie des pulsions ; dans la seconde théorie des pulsions déterminée par l'introduction de la pulsion de mort, le rapport s'inverse.

D'après Élisabeth Roudinesco et Michel Plon, le terme « sadisme », qui relève surtout de la sexologie, a été repris en psychanalyse par Sigmund Freud dans le cadre d'une théorie de la pulsion et de la perversion : la théorie freudienne s'étend « à d'autres actes que les perversions sexuelles »[4]. Chez Freud et ses héritiers, le terme « sadisme » est couplé au terme « masochisme », et ce nouveau vocable ainsi formé de « sado-masochisme » s'est imposé dans la terminologie psychanalytique[4].

Au niveau de la première théorie freudienne des pulsions, le sadisme est la forme active de la même perversion dont le masochisme est la forme passive[5]. Freud écrit en effet dans les Trois essais sur la théorie sexuelle (1905) : « Un sadique est toujours en même temps un masochiste »[5]. Dans Pulsions et destins des pulsions (1915), il considère que le sadisme est « antérieur au masochisme »[5]. En tant qu'agression contre autrui, la souffrance de l'autre « n'est corrélative d'aucun plaisir sexuel »: le but de la pulsion ne consiste pas à « infliger de la douleur ». Dans le sadisme s'exerce « la pulsion d'emprise », telle que celle-ci est notamment présente chez l'enfant sadique[5].

Dans la seconde théorie freudienne des pulsions (1920 : Au-delà du principe de plaisir, introduction de la pulsion de mort), le rapport d'antériorité entre sadisme et masochisme va s'inverser, le sadisme n'est plus premier : le masochisme ne « succède pas » au temps d'une agressivité première « tournée vers un objet extérieur »[6]. Ayant posé un « masochisme primaire », où « toute la pulsion de mort est tournée contre le sujet lui-même »[5], Freud écrit en 1924 dans Le problème économique du masochisme : « Une partie de cette pulsion est mise directement au service de la pulsion sexuelle où son rôle est important. C'est là le sadisme proprement dit »[5].

Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux[modifier | modifier le code]

Un autre terme, celui de trouble de la personnalité sadique, était exposé dans la troisième version du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-III-R), publié par l'Association américaine de psychiatrie (AAP)[7], comme diagnostic psychologique et médicale pour les individus particulièrement prompt au sadisme. Ce diagnostic a été retiré des versions ultérieures DSM-IV et V. Le terme de « trouble de la personnalité non spécifié » peut alors parfois être utilisé pour classer les personnalités à forte composante sadique[8].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Pierre Claude Victoire Boiste et Charles Nodier, Dictionnaire universel de la langue française, avec le latin et les étymologies, extrait comparatif, concordance, critique et supplément de tous les dictionnaires français [microforme] : manuel encyclopédique de grammaire, d'orthographe, de vieux langage, de néologie, Paris : Lecointe et Pougin, (lire en ligne)
  2. « Figaro : journal non politique », sur Gallica, (consulté le )
  3. Richard von (1840-1902) Auteur du texte Krafft-Ebing, Étude médico-légale, "Psychopathia sexualis" : avec recherches spéciales sur l'inversion sexuelle / par le Dr R. von Krafft-Ebing,... ; traduit sur la 8e édition allemande, par Émile Laurent et Sigismond Csapo, (lire en ligne)
  4. a b et c Élisabeth Roudinesco et Michel Plon, « Sadisme », « Sado-masochisme », Dictionnaire de la psychanalyse (1997), Paris, Fayard / La Pochothèque, 2011, p. 1380-1385.
  5. a b c d e et f J. Laplanche et J.-B. Pontalis, Vocabulaire de la psychanalyse (1967), entrée : « Sadisme — Masochisme, Sado-masochisme », Paris, P.U.F.,1984, p. 428-429.
  6. J. Laplanche et J.-B. Pontalis, Vocabulaire de la psychanalyse (1967), entrée: « Masochisme », Paris, P.U.F.,1984, p. 231-232.
  7. (en) Stephen J. Hucker, « Sadistic Personality Disorder »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  8. (en) W. C. Myers, R. C. Burket et D. S. Husted, « Sadistic personality disorder and comorbid mental illness in adolescent psychiatric inpatients », Journal of the American Academy of Psychiatry and the Law 34 (2006) : 61-71.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

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