Veau

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Veau du genre et espèce Bos taurus, Victoria, Australie.

Le veau est le nom vernaculaire qui désigne l'individu bovin juvénile. Par extension, ce nom peut désigner les jeunes de grands mammifères herbivores dont la progéniture n'a pas de nom spécifique, ou la progéniture de mammifères marins comme le phoque, le morse, etc.

Zoologie[modifier | modifier le code]

La gestation du veau dure de 282 à 295 jours (soit neuf mois et dix à vingt jours), en fonction de la race. La mise bas est appelée le vêlage. À la naissance, le veau pèse environ 45 kg. Les jeunes femelles sont ensuite appelées génisses jusqu'au premier vêlage (vingt-quatre à trente mois), puis vaches .
Les veaux mâles, non castrés, deviennent des taurillons puis des taureaux. Castrés, ils deviennent des bouvillons puis des bœufs (mâles châtrés de l'espèce Bos taurus).

Nutrition[modifier | modifier le code]

Le tube digestif du petit qui vient de naître est axénique, aussi le jeune veau ingère la matière fécale environnementale (herbes souillées, lieu de couchage) et la flore microbienne de la salive maternelle (léchage du veau dès la phase de placentophagie). L'inoculation de microbiote intestinal exogène permet ainsi la colonisation dans son système digestif des bactéries symbiotiques indispensables à la digestion[1].

Dans les heures qui suivent sa naissance et jusqu'à l'âge de deux jours, le veau boit du colostrum au pis de sa mère. Dans le cas des veaux laitiers (Holstein, Montbéliard, Normand, Brune des Alpes, etc.) et pour prévenir les contaminations microbiennes, la distribution peut se faire par l'éleveur grâce à un biberon, voire à une sonde oesophagienne. Le colostrum est riche en énergie, protéines et immunoglobulines.

Après cette phase colostrale, les veaux allaités (Charolaise, Limousine, etc.) continuent à être nourris au pis de leurs mères. Les veaux laitiers, séparés de leurs mères (qui sont traites), sont nourris soit au lait entier soit à l'aliment d'allaitement, distribués au seau ou via des distributeurs automatiques de lait (DAL). Leur sevrage a généralement lieu entre l'âge de deux à trois mois. L'objectif est de doubler le poids de naissance et surtout que le veau ingère environ 2 kg d'aliment concentré, signe que le rumen est fonctionnel et donc que le lait peut être entièrement substitué par une alimentation à base de fourrage, de céréales et de co-produits végétaux.

Le tube digestif du veau est plus proche de celui d'un monogastrique que de celui d'un ruminant. En effet, à la naissance, son rumen est de taille très modeste et va se développer progressivement. Seuls les aliments solides y transitent. Le lait est quant à lui directement acheminé vers la caillette grâce à la gouttière œsophagienne. Il subit alors une coagulation avant d'être digéré et assimilé dans l'intestin.

Plan d'alimentation type pour veaux laitiers de la naissance au sevrage :

*lait reconstitué : eau + 125 à 150 g d'aliment d'allaitement/L de buvée

De l'eau, du fourrage et des aliments concentrés doivent être en libre service en complément de l'apport de lait.

Age nombre de repas/jour L de lait entier ou reconstitué*/repas
Naissance à 3 jours 3 le 1er jour, 2 après 2 (colostrum)
4 à 7 jours 2 2
2 semaines 2 2,25
3 semaines 2 2,5
4 semaines 2 3
5 semaines 2 3
6 semaines 2 3
7 semaines 2 2,5
8 semaines 2 2
9 semaines 1 2

Le gain moyen de croissance attendu avec ce plan d'alimentation est de 800 à 900 g/j.

Les veaux sont sensibles à diverses bactéries, virus ou parasites entrainant des diarrhées : coliformes, rota et corona virus, cryptosporidies et coccidies. La vaccination des mères permet de limiter le risque de ces diarrhées néonatales.

Recommandations de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA)[modifier | modifier le code]

En mars 2023, l'autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) émet des recommandations sur l'élevage des veaux. Il déclare qu'il est scientifiquement prouvé que les veaux qui n'ont qu'un contact limité avec leur mère souffrent fréquemment d'un stress d'isolement et d'une incapacité à téter. Pour améliorer leur bien-être, les jeunes animaux devraient être gardés avec la mère pendant au moins une journée, bien qu'un contact plus long soit recommandé en raison des avantages en termes de bien-être, tant pour le veau que pour la vache. Les vaux devraient aussi être logés en petits groupes au cours de leurs premières semaines de vie et l'utilisation d'enclos individuels doit être évitée afin d'améliorer leur bien-être. Les veaux ont également besoin d'un espace suffisant pour se reposer et jouer, ainsi que d'une litière confortable[2].

Utilisations en alimentation[modifier | modifier le code]

Viande de veau mijotée en tajine.

En France, selon le ministère de l'Agriculture : « Les veaux de boucherie sont des bovins abattus au plus tard à l'âge de 8 mois. Ils sont élevés pour la consommation de leur viande. Afin d'être conforme aux habitudes de consommation des français, la viande doit avoir une couleur rose pâle. À la naissance, le muscle des veaux est clair. Il prend une couleur rouge lorsque les animaux se mettent à manger des aliments solides contenant du fer, de l'herbe par exemple. Les veaux sont donc gardés en état d'anémie dans l'étable afin d'éviter d'en consommer »[3],[4].

En France, sont abattus chaque année 2 millions de veaux[5].

Législation commerciale attachée à l'usage de l'appellation « viande de veau »[modifier | modifier le code]

Têtes de veau, un produit tripier

La législation commerciale de l'Union européenne encadre l'usage de l'appellation « viande de veau » par l'âge de l'animal lors de l'abattage. Seule la viande des bêtes de huit mois au plus peut être appelée ainsi[6].

Dans le commerce, les produits d'élevage issus d'animaux de huit à vingt-quatre mois sont classés « de jeune bovin » ou « viande de jeune bovin » [7]

En France, les viandes de veau se distinguent aussi selon le mode d'élevage et la race :

  • veau industriel, autrement appelé veau de boucherie : ce sont des veaux élevés de toutes races, principalement Prim’holstein, Montbéliard, Normand, Bleu Blanc Beige (BBB) ainsi que des veaux croisés(taureau de race bouchère + vache Prim’Holstein = veau croisé ). Ces veaux sont principalement des mâles : 90 % des veaux mâles des élevages laitiers vendus à l’âge de 8 à 15 jours finissent en atelier veaux de boucherie[8]. Le but de cette production est la viande que les veaux vont produire durant les 5 mois et demi à 6 mois d’élevage. La base de leur alimentation est du lait, environ 250 à 300 kilos par veau à la fin de la durée d'engraissement, avec pour complémentation des aliments durs souvent composés d’herbe et de grain de maïs. Durant la période d'élevage, les veaux sont en anémie, ce qui est dû à leur alimentation ; c'est ce qui permet d'obtenir de la viande claire, blanche ou légèrement rosée. Dans ce type d'élevage intensif, les éleveurs adaptent leurs pratiques pour de meilleures conditions de vie des animaux[9].
  • veau industriel de marque de certification collective : veau de race à viande (charolais, aubrac, etc.) ou de croisement (père viande avec mère lait), sa viande sera commercialisée sous marque commerciale accompagnée des labels officiels Label rouge ou/et IGP (ex. : Veau Fermier Bretanin[10]; Veau Fermier Tradiveau[10]etc.). Il est soit élevé sous la mère, soit nourri artificiellement au lait entier. Ce veau est abattu autour de cinq ou six mois et sa carcasse découpée via l'industrie agroalimentaire. Il s'agit de productions industrielles d'une qualité plus élevée que le veau industriel simple. Les dérogations administratives à l'appellation « veau » ménageant la préservation d'emploi fait que le consommateur peut se voir proposer de la viande de jeune bovin (dix mois) sous l'appellation « veau » (ex. : Le Veau d'Aveyron & du Ségala[11])
  • veau broutard : veau ne quittant pas sa mère avant l'âge de sept mois, se nourrissant tant du lait maternel, que d'herbe sur des pelouses naturelles de moyenne-montagne ou plus bas en altitude, sur des prairies semées. Il sera engraissé et découpé puis vendu en direct au consommateur, ou bien il sera vendu en maigre pour alimenter les engraisseurs spécialisés des plaines céréalières (Italie notamment).
  • veau fermier : veau de race à viande, élevé loin de toute filière, dans un système d'élevage traditionnel. Dans l'Union Européenne, un équipement d'abattage bovin à la ferme respectant les normes étant financièrement inaccessible pour l'éleveur, celui-ci aura recours aux abattoirs conventionnels. Cependant, la carcasse récupérée, celle-ci sera découpée à la ferme ou dans un atelier de découpe travaillant à façon sous la directive du producteur fermier et en sa présence. Les volumes de production de veau fermier sont aujourd'hui minoritaires. Les paysans travaillant pour ce marché de niche valorisent leur travail via la vente directe.

Sécurité alimentaire[modifier | modifier le code]

La viande de veau a été remise en cause dans les années 1980 à la suite de scandales alimentaires tels que celui du « veau aux hormones ». La filière française a mis en place des contrôles plus stricts, et les substances utilisées autrefois sont désormais interdites[12].

Cuir[modifier | modifier le code]

Le cuir du veau (en particulier de veaux mort-nés) servait à la fabrication de feuillets plus fins que le parchemin (vélin). Il peut encore être utilisé pour la reliure d'ouvrages de luxe. Il est principalement utilisé dans la fabrication de chaussures.

Symbolique[modifier | modifier le code]

Symbole[modifier | modifier le code]

Ascète (sadhu) hindou avec un veau : Les bovins, petits, sont comparés au soleil dans l'hindouisme.

Dans les sociétés traditionnelles, le veau est symbole d'opulence (cf. le Veau d'or et le Veau gras). La viande de veau est souvent encore considérée comme raffinée et luxueuse. De même, le cuir de veau est signe de raffinement et de richesse.
Appliqué aux humains, le terme désigne, sur le mode familier, des personnes molles, indolentes, sans volonté.

Hindouisme[modifier | modifier le code]

Dans le Rig Veda (1.113), texte sacré de l'hindouisme, le veau est vu comme le Soleil né de la vache Aurore[13].

Expressions[modifier | modifier le code]

Impact écologique[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Dominique Galiana, Catherine Le Roux, Isabelle Monchâtre, Biologie-Écologie, Educagri Editions, , 91 p.
  2. Avis de l’EFSA : loger les veaux en petits groupes pour améliorer leur bien-être, autorité européenne de sécurité des aliments, 29 mars 2023
  3. « Le bien-être et la protection des veaux », sur agriculture.gouv.fr (consulté le )
  4. Jean-François Hocquette, « Pourquoi la viande de veau est-elle blanche, et la viande de bœuf rouge ? Charles Guimard, Paris. », réponse à une question, La Recherche, (ISSN 0029-5671, consulté le ), p. 79.
  5. Jean-Luc Daub, Ces bêtes qu'on abat : journal d'un enquêteur dans les abattoirs français, 1993-2008, L'Harmattan, , p. 17.
  6. Règlement (CE) no 700/2007 du Conseil du 11 juin 2007 relatif à la commercialisation de la viande de bovins âgés de douze mois au plus
  7. Extrait de "http://www.office-elevage.fr/cd-sia-09/CD-PCM-2008/maj-2008/07-08/ni2008-148.pdf" qui précise également : À chaque étape de la commercialisation, à l'exception du stade de commercialisation au consommateur final, l'âge de l'animal peut être remplacé par la catégorie V ou Z.
  8. Rémi Hagel et Antoine Humeau, « Lait-veaux: créer le dialogue », Presse Avenir agricole n°1869/40,‎ , p2-3
  9. Isabelle Veissier Gérard Bertrand René Toullec, Le veau de boucherie : concilier bien-être animal et production, Paris, , 210 p. (ISBN 2-7380-1053-9), p2-3
  10. a et b (ja) « さいたま市で信頼できる矯正歯科を選ぶ方法/Dental Care », sur veaubretanin20ans.com (consulté le ).
  11. « Articles Filières de la VP », sur lavolontepaysanne.fr (consulté le ).
  12. Elise Casta-Verchère, Qu'est-ce qu'on mange ?, Livre de Poche, 2003, page 231
  13. Le Veda, textes traduits par Jean Varenne, éditions Les Deux Océans, page 156 et 100, (ISBN 978-2-86681-010-8)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]